Le symptôme de l’enfant

Publié par SEO380041 le

Dans la conception qu’en élabore Jacques Lacan, “le symptôme de l’enfant se trouve en place de répondre à ce qu’il  y a de symptomatique dans la structure familiale”. Qu’est-ce qu’un symptôme ? “Le symptôme, ajoute-t-il, c’est là le fait fondamental de l’expérience analytique, se définit dans ce contexte comme représentant de la vérité”. Or, “le symptôme peut représenter la vérité du couple familial”. Qu’est-ce à dire ?

Un enfant est pris dans le discours parental, dans le discours de l’Autre, et cela bien avant sa naissance. Il est parlé et naît dans un bain de langage. Il est mis, donc, à une certaine place dans la famille, sommé de répondre au désir inconscient familial. Bien sûr, l’enfant n’est pas une pâte molle sur laquelle les signifiants des parents, les idéaux, les demandes, viennent s’inscrire. Il a sa part de responsabilité dans ce qu’il retient (inconsciemment bien sûr), du tri qu’il fait, entre les éléments langagiers qui viendront organiser son inconscient, conçu ici comme l’ensemble des traces laissées par les premiers Autres sur lui.

Dans cette perspective, le symptôme de l’enfant va venir dire quelque chose de ce qui est resté en souffrance, impensé, inconscient dans les places de chacun auprès de lui (de la mère et du père), mais aussi du fonctionnement du couple parental lui-même. Ainsi, écouter les parents parler de leur enfant, de leurs difficultés, de leur relation à lui ainsi qu’à l’Autre du couple, mais aussi de leur propre enfance, nous donne des indications précieuses sur le symptôme de l’enfant. Les parents qui se prêtent au jeu, qui acceptent de s’interroger sur la responsabilité qu’ils ont dans le désordre de leur enfant sont d’une grande aide pour ce dernier. Pour ne prendre que cet exemple, il n’est pas rare en effet de voir des bébés qui ne dormaient pas retrouver le sommeil en quelques séances, quand la mère et le père peuvent à la fois parler de leur histoire et de leur positionnement vis-à-vis de l’enfant. Il arrive par exemple qu’un enfant réponde au désir parental de ne pas se séparer de lui, et ce en ne dormant pas. Les parents finissent par s’en plaindre et viennent consulter. L’enjeu sera alors de pouvoir faire entendre la responsabilité parentale dans le symptôme de l’enfant, quand c’est possible.

Avec les bébés donc, ce sont les parents que j’écoute. Avec les enfants, c’est plus complexe. Car il est à distinguer la demande parentale (souvent de venir régler un dysfonctionnement dans la famille ou à l’école), et celle de l’enfant qui peut être tout autre. Il s’agira d’entendre les deux, celle des parents et celle de l’enfant, en préservant parfois deux espaces distincts. Il n’est pas rare d’accompagner l’enfant d’un côté (qui nous parlera de sa vie, de ses difficultés singulières) et le ou les parents de l’autre. Parfois même, le travail peut se faire ensemble quand la séparation n’est pas possible d’emblée. Ce travail, qui passe évidemment par la parole, permet, grâce aux interventions du psychanalyste, de venir réordonner les places de chacun, de faire entendre une vérité qui était méconnue, et que le symptôme de l’enfant représentait à son insu.

Pour ceux qui veulent aller plus loin, les références se trouvent dans : J. Lacan, “Note sur l’enfant”, Autres écrits, Paris, Seuil, 2001.

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