Proust, la guerre et le Covid…

Publié par SEO380041 le

Dans Le temps retrouvé, M. Proust évoque avec son ami Saint-Loup  la durée éventuelle de la Grande guerre qui vient de débuter :

“En avons-nous pour longtemps ? dis-je à Saint-Loup. – Non, je crois à une guerre très courte”, me répondit-il. Mais, ici, comme toujours, ses arguments étaient livresques. “Tout en tenant compte des prophéties de Moltke, relis, me dit-il, comme si je l’avais déjà lu, le décret du 28 octobre 1913 sur la conduite des grandes unités, tu verras que le remplacement des réserves du temps de paix n’est pas organisé, ni même prévu, ce qu’on n’eût pas manqué de faire, si la guerre devait être longue”. Il me semblait qu’on pouvait interpréter le décret en question non comme une preuve que la guerre serait courte, mais comme l’imprévoyance qu’elle le serait, et de ce qu’elle serait, chez ceux qui l’avaient rédigé et qui ne soupçonnaient ni ce que serait dans une guerre stabilisée l’effroyable consommation du matériel de tout genre, ni la solidarité de divers théâtres d’opérations.

 

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Un siècle plus tard, nous pouvons avec délectation apprécier la justesse et la perspicacité de ce génie de la littérature, qui a sondé et narré comme personne avant lui l’âme humaine, dans le même temps où Freud découvrait la psychanalyse.

La question de l’imprévoyance est aussi intéressante, car elle touche à celle du Réel, à ce qui n’est pas prévisible, au traumatisme, à ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire, et qui nous tombe sur la tête de temps en temps…

C’est d’ailleurs toujours à l’endroit d’un Réel incompréhensible, ou inassumable,  qu’un sujet est amené à consulter un psychanalyste…

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